A la recherche de la gâche perdue et sa pomme melée

En cuisine, rien ne se perd. Ce ne sont pas nos grand-mères qui nous diraient le contraire, elles qui maniaient instinctivement l’art d’utiliser les restes. Dans les campagnes, autrefois, outre la véritable symbolique sacrée que l’on portait à la nourriture, on n’aurait certainement pas gâché ce qui était si difficile à gagner et qui permettait de nourrir toute la famille. D’où cette recette de gâche perdue aux pommes.

Les tranches un peu rassises de ma gâche de Pâques se sont donc revigorées façon pain perdu. Une fois rôties dans le beurre, après être passées dans un mélange d’œufs et de lait parfumé à la cannelle et au poivre long, je les accompagnées de pommes au four.

Une petite pomme melée, rabouzinée au four posée sur le dessus de la gâche, et j’ai retrouvé un dessert qui n’a de perdu que le nom.

Le saviez-vous ?  

Rassis,  « qui n’est plus frais, mais pas encore dur », est le participe passé du verbe rasseoir (« asseoir de nouveau, remettre à sa place »), employé comme adjectif. À partir de là s’est formé dans la langue populaire le verbe rassir (non reconnu par l’Académie, mais désormais enregistré par les dictionnaires usuels). On dit donc rassise, et non rassie au féminin. (Source : cet excellent site – parler français ICI)

Melé : mot de patois vendéen qui veut dire fripé, par extension ridé comme une vieille femme. Dans la cuisine traditionnelle de Vendée, on faisait autrefois sécher – meler – les pommes au four. On les conservait ensuite pour les déguster durant l’hiver.

Rabouziné : également un mot de patois vendéen pour exprimer une personne – ou un objet – recroquevillée, ratatinée.

INGREDIENTS gâche perdue aux pommes

Pour la gâche perdue

• 4 tranches épaisses de gâche
• beurre salé
• 5 cl de lait
• 2 cuillères à soupe de sucre roux
• 2 œufs
• 1 cuillère à café de cannelle
• 1 cuillère à café de poivre long Des Epices A Ma Guise

La pomme melée au four

• 4 pommes
• 4 cuillères à soupe de miel
• beurre salé
• un petit verre d’eau de vie – gnole de pays

pour la finition (facultatif)

• Une poignée de graines d’épine-vinette

PRÉPARATION

Les pommes

Ne les pelez pas. Rincez-les à l’eau froide et essuyez-les. Découpez un couvercle sur le dessus de chaque pomme. Évidez-les.

Posez-les dans un plat allant au four. Versez dans la cavité une cuillère à soupe de miel, un peu d’eau de vie – j’ai dit un peu ! – et terminez généreusement avec des lamelles de beurre, à la fois dans la cavité et autour des pommes. Versez une ou deux cuillères à soupe d’eau dans le fond du plat.

Enfournez à 180° pendant 40 à 45 minutes et arrosez régulièrement les pommes avec le jus rendu pendant la cuisson.

La gâche perdue

Dans un saladier, battez à la fourchette les œufs avec le lait. Ajoutez le sucre, la cannelle et le poivre long râpé. Couvrez d’un film transparent.

Faites fondre un  gros morceau de beurre dans la poêle.

Passez les tranches une première fois dans le liquide pour les imbiber. Renouvelez une deuxième fois. Déposez-les ensuite dans le beurre chaud et faites-les dorer de chaque côté.

Débarrassez les tranches de gâche sur les assiettes.

Récupérez une louche de jus de cuisson au miel des pommes et versez dans la poêle chaude. Ajoutez les graines d’épine vinette. Faites caraméliser quelques secondes.

Posez une pomme sur chaque tranche. Arrosez avec le jus caramélisé.

NOTE 

L’épine-vinette amène une touche d’acidité très agréable. Vous pouvez remplacer par des canneberges.

Si vous avez été gentils avec le pépé, peut-être qu’il consentira à vous servir un petit verre de gnole pour accompagner ce dessert.