Les repas dans les tranchées

« Le populaire à table, le boire et le manger aux XIX et XX siècles » regroupe sur plus de 400 pages tout ce que la littérature compte de gourmandises durant deux siècles. Cet ouvrage, co-écrit par d’éminents professeurs et maîtres de conférence de la région Rhone-Alpes se déguste lentement, avec délicatesse.

Comment connaître son histoire, son identité.. Par cette petite phrase sur la 4ème de couverture, « dis-moi ce que tu manges, dis-moi comment tu bois… », on voyage dans le temps à la rencontre de nos ancêtres, à la rencontre de la petite et de la Grande Histoire.

On navigue entre les mots, les faits, parfois drôles, poétiques ou bien émouvants, pathétiques.

En ce jour de 8 mai où nous commémorons la victoire sur la guerre de 1939-1945, voici  une évocation du roman patriotique, pendant la guerre de 1914-1918, un titre de chapître évocateur : « une armée et son ventre ».

La guerre des tranchées ne se prêtait pas tellement à des expériences culinaires de premier ordre. La cuisine de la première guerre mondiale est marquée par la soupe et le « singe », cette viande déguisée sous une sauce qu’on n’ose même pas nommer, servie en boîte.

(photo sur le net)
Quand il s’agit de faire de la vraie cuisine, le poilu reste souvent en proie à un cuisinier parfois inventif où le rata ou la soupe, reflets de la volonté individuelle, deviennent un mélange de tout ce qui tombe entre les mains de ce dernier (riz, viande, légumes, vin).
Le repas pris dans les tranchées est donc parfois un objet d’humour. Dans « les crois de bois » de Roland Dorgelès, par exemple, Bouffioux, le gros fainéant lâche de l’escouade, se désignant cuisinier pour échapper à la tuerie, est poussé par ses copains à ruiner son premier rata en  ajoutant tout et n’importe quoi, y compris du chocolat.
(photo sur le net)
Dans « Gaspard » de René Benjamin, manger dans les tranchées devient l’objet de l’humour noir de l’auteur. La première soupe d’un certain Courbecave s’avère immangeable, lorsque, suite à l’arrivée d’un obus qui émietta le cuisinier de l’escouade, le héros éponyme du roman « retira avec sa cuiller un cordonnet noir où pendait une médaille d’identité. On lut dessus : Courbecave, 1905. Pauvre diable, si fier de sa popote, il avait en mourant signé sa première et dernière soupe ».

Le Populaire à Table
Le Boire et le Manger aux XIX et XXe siècles,
Etudes réunies par Mireille Piarotas
et présentées par Pierre Charreton
Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2005

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2 Responses

  1. Frédérique dit :

    un bel article qui me donne super envie de lire ce bouquin…et je vais le faire!!!!!!!Merci Ma Marie….

  2. patriarch dit :

    J'ai été à ma dernière manœuvre, sous-off à la roulante. Choses que je n'avais jamais faite. Avec le GMC j'ai aidé quelques paysans à rentrer leurs coupes de bois et ils payaient en nature. Le capitaine m'a félicité, sauf quand il a vu ma consommation d'essence… Même s'il l'a assez bien pris !! Et en rentrant, j'ai du faire le repas de midi sur la route. Je l&#39

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