Fricot de berniques comme à Noirmoutier ou l’Île d’Yeu
A Noirmoutier ou l’Île d’Yeu, on les appelle jambes. Allez savoir pourquoi, car vu qu’elles sont solidement ancrées sur leurs rochers, on les imagine difficilement décaniller à toutes jambes pour fuir les pêcheurs qui viennent fouiner sous les algues des rochers pour les déloger.
Bref ! Les jambes, ce sont les berniques appelées patelles de leur nom savant, ou brennig en Bretagne. Sinon, vous pouvez faire plus simple en utilisant un nom connu par tous : le chapeau chinois.
Donc pour manger des berniques, vous n’avez que la solution d’aller les pêcher sur les rochers à marée basse, vu que vous n’en trouverez pas chez le poissonnier. Ne me demandez pas pourquoi, je n’ai pas la réponse.
Pour les déloger, munissez-vous d’un bon couteau car ces petites bêtes (des mollusques pour votre culture personnelle) sont du genre coriaces, voire corniauds, donc accrochées comme des…… berniques (!) à leurs rochers.
La recette du jour est un fricot, terme vendéen pour parler du ragout. Il semble d’ailleurs que le fricot de jambes existe aussi en Bretagne, je l’ai trouvé sur certains sites. Là je vous parlerai de ce qui me concerne plus particulièrement, le fricot de Noirmoutier ou l’Île d’Yeu.
Les deux recettes sont communes. La première fois que j’en ai eu vent, c’était en lisant le petit livre de cuisine bleu des femmes de marins-pêcheurs de l’Île-d’Yeu. Mais dans les deux cas (Noirmoutier ou l’Île d’Yeu) nous sommes dans des îles, sur des terres de marins, sur des terres vendéennes, les recettes se rejoignent.
A la base, c’était ce que l’on appelle communément un plat du pauvre, un plat fait avec les moyens du bord, sans chichi. En l’occurrence : des berniques, des pommes de terre, des carottes, des oignons, voire un peu de vin blanc et du persil et voilà.
Je l’ai un peu chichitée la recette, les puristes me pardonneront j’espère. Mais la cuisine c’est un peu ça, s’appuyer sur la tradition pour y apporter son petit grain de sel.
INGREDIENTS
1 kilo de berniques
500 g de pommes de terre grenailles de Noirmoutier
100 g de lardons fumés
5/6 petits oignons grelots
2 pointes d’ail
1 petit verre à digestif d’eau de vie
20 cl de vin blanc sec (Gros plant)
1 petite poignée de gros sel
1 pincée de poivre blanc de Penja
1 cuillère à soupe de salicorne au vinaigre
1 cuillère à soupe de farine
Beurre salé
Huile
1 pincée de curcuma
1 cuillère à soupe de persil haché
1 cuillère à soupe de crème fraîche
PREPARATION
Les berniques
Rincez-les (à l’eau de mer, c’est le mieux) pour enlever toutes les impuretés, notamment le sable.
Grattez l’intérieur des berniques en passant le couteau sous la chair pour la retirer de la coquille. Cette chair, c’est le pied de la bernique. Enlevez toutes les parties marrons autour et notamment le fil digestif qui est réputé indigeste (pour tout vous dire, quand je les mange crus, je mange tout et j’adore !)
Réservez les chairs.
Réservez les parties marrons dans un petit bol. Il s’en écoulera un peu de jus très parfumé que je récupère et ajoute dans la sauce en fin de cuisson.
Les pommes de terre
Comme il s’agit de pommes de terre primeurs de Noirmoutier, il n’est pas nécessaire de les peler, et comme en plus ce sont des petites grenailles, on les laissera entières. Sinon, si les pommes de terre sont trop grosses, coupez-les en quartiers.
Cuisson
Faites fondre dans la cocotte un peu de beurre avec de l’huile. (pas utile de prendre de l’huile d’olive, plutôt de l’huile neutre genre pépins de raisins). Ajoutez les dés de lardons et faites-leur prendre couleur. Retirez-les ensuite avec une écumoire et réservez sur un papier absorbant.
Retirez la graisse, faites fondre une noix de beurre et mettez à blondir les petits oignons grelots pendant 1 minute, puis ajoutez les berniques. Remuez pendant 1 minute, flambez avec l’eau de vie puis saupoudrez de farine. Remettez les lardons dans la cocotte et mouillez avec le vin blanc.
Hachez le persil avec l’ail et ajoutez à la préparation précédente. Salez, poivrez, ajoutez le curcuma et mettez dans la cocotte les petites pommes de terre.
Couvrez et laissez cuire pendant 20 minutes sur feu très doux. Il faut que ça bloblotte, et surtout que ça ne cuise pas trop vite pour éviter que les berniques deviennent caoutchouteuses.
5 minutes avant la fin de cuisson, ajoutez la salicorne puis au dernier moment la crème fraîche.
NOTES
Pour la recette traditionnelle, je vous laisse consulter le site d’Odile. La recette y est réalisée par des femmes de l’île de Noirmoutier et expliquée pas à pas. Un clic ICI.
LE COIN DU CAVISTE – Patrick Böttcher du blog Vins libres
Bien, passons maintenant aux choses sérieuses et je passe la main – ou plutôt le verre – à Patrick, mon jumeau spécialisé en vins. Comme à son habitude, il a planché sur le sujet pour nous en extraire la substantifique moelle…. euh non, la substantifique quille de vin.
A vous de déguster.
On a donc un plat fortement iodé, très corsé, épicé, mais relativement neutre en termes d’acidité, tenant compte de la présence de crème ; voilà globalement le défi.
Pour les accords avec la mer, surtout mollusques et crustacés, je ne suis pas trop chaud à tenter le vin rouge, parce que soit on est sur un vin peu tannique où le fruit va ne pas trouver sa place par rapport au plat, soit parce qu’avec un vin plus structuré, plus austère, on a des tanins qui vont se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Reste donc les blancs dont on doit aussi éliminer toutes traces trop de soleil ou de sucres résiduels.
Plutôt que de vous faire un copié-collé des explications sur les accords, je vous laisse le découvrir directement sur le site de Patrick. Un clic ICI.
On déguste le tout en musique, en écoutant les Goul’torses, mes amis du groupe de chants marins gillocrucien.
Bonjour,
Il me semble qu’on les appelle plutôt communément des chapeaux chinois, vu leur forme et non des chapeaux de gendarme.
Merci pour votre blog que je consulte plusieurs fois par semaine depuis des années.
Un (presque) voisin périgourdin
Bonjour Jean-Paul,
Tout d’abord un grand merci pour votre fidélité d’aussi longue date, ça me fait vraiment très plaisir, je le prends comme une belle récompense du temps que j’y passe (mais du grand plaisir que ça me procure).
Comme je suis une grande étourdie, j’ai corrigé de suite, car vous avez bien raison, on parle de chapeau chinois et non chapeau de gendarme. Mes idées n’étaient pas très claires.
Le Périgord n’est pas bien loin, effectivement, et j’ai eu l’occasion d’y séjourner (vers La Roque-Gageac), j’aime énormément cette région aux paysages et châteaux magnifiques et à la culture gastronomique très forte. Au plaisir de vous revoir, Bonne journée à vous,
Bonjour, je suis en train de travailler tout en vous écoutant à la radio.
le meilleur coin pour les berniques c’est Belle Île! Elles y sont énormes, poussent à foison! Quels gueuletons j’ai pu faire, le séant bien posé sur un rocher, les orteils dans l’eau! Miam!
A savoir, il y a 2 espèces de berniques, les grises, et les jaunes (on le voit bien sur votre seconde photo). À mon souvenir, les jaunes sont plus tendres et se cuisinent mieux. Les grises sont un poil plus dures et sont donc meilleures en direct! 😉
bonne continuation!
Bonjour Marie, vous avez été rapide à commenter, c’est génial.
Ah ! Belle Île, depuis le temps que je veux y aller. Nous allons très souvent dans le Morbihan, mais plus bas. Je prends note qu’en plus de la promenade sur l’île, il faudra aussi que je prévois une pêche aux berniques !
Merci du passage et au plaisir de vous revoir,
Marie-France
merci pour cette recette ,qui ressemble aussi à celle qu’un ouessantin m’ a donné
je vais m’ empresser de la faire ,ma première tentative n’ ayant pas été vraiment concluante
mes petits enfants sont là donc nous irons ensemble ramasser des berniques
ANNY
Et tu me diras Anny si c’est moins caoutchouteux que ce que tu me disais l’autre jour. Bises 🙂
au final , je les ai poêlés avec un beurre d’ escargots
pour l’ apéritif
il n’ y a plus qu ‘a retourner à la pêche
nos petits enfants n’ ont pas voulu y gouter mais veulent bien retourner en ramasser
afin que je fasse ta recette
ANNY
Aperçu la semaine dernière sur l étal d un poissonnier des berniques a 9€ le kilo ! Je préfère encore avoir le plaisir de les ramasser moi même et de les déguster comme chez moi en Bretagne marinées dans du Vinaigre et des rondelles d oignon crus. Ma grand mère âgée de 91 ans me disait qu elle les faisaient aussi sous la forme d un ragout. Merci pour toutes ces recettes authentiques, et ces découvertes de la Vendée.
Et encore c’est bien d’en trouver. Et d’ailleurs, c’est surprenant, car on n’en voyait jamais chez les poissonniers, et moi aussi j’en ai vu il y a quelques semaines. Mais à 9 euros le kilo, il est vrai que c’est un peu cher. Et puis le plaisir de les pêcher, de glisser son couteau sous leur chair, ça n’a pas de prix.
Par contre, je suis intriguée par votre recette avec la marinage au vinaigre et aux rondelles d’oignons. Je crois que je vais tenter l’expérience. Merci à vous du passage, et passez quand vous voulez, vous serez la bienvenue.
Bonnes idées, ces recettes pour rendre mangeable des bestioles qui ne sont plus appréciées aujourd’hui. Vous trouverez sur le site internet http://alguesberniques.blogspot.fr/
Une étude que nous avons faite, mon épouse et moi, sur les ravages faits par les berniques sur le littoral. Il faut précisez que, du point de vue culinaire, mes berniques qu’on trouve sur les rochers nus ont besoin d’être nettoyées très soigneusement, car elles rongent le rocher. Elles sont donc sableuses et craquent sous la dent.
J’ignorais que ces petites bêtes pouvaient être cause de tant de ravage. Je veux bien me dévouer pour aller en ramasser car vraiment, je les adore dans l’assiette ! Vous avez raison, il faut bien les nettoyer, comme beaucoup de fruits de mer, pour enlever sable et toutes les impuretés en général qui s’y collent sans vergogne.
Merci pour le lien, en tout cas, votre blog est très intéressant, il va dans mes favoris.
Ah la laaa, j’adooore les berniques crues moi aussi ! Rien que d’y penser, j’en ai l’eau à la bouche !!! Je me souviens qu’étant gamine, des amis de mes parents en ramenaient de leur pêche . Ils les faisaient dégorger et ensuite mariner avec du vinaigre dans un saladier . Je crois qu’il y avait aussi des échalottes émincées . Un pur régal, mmm !!!
Tiens, une salade de berniques, voilà qui devait être bien bon Katell. Merci de venir évoquer ici ces souvenirs d’enfance emplis de gourmandise et de tendresse.