Palourdes sur lit de goémon, à la Bout’au Vent !

Au café de la Chapelle, les fidèles ouailles avaient obtenu de la patronne la bénédiction urbi et vini  pour baiser une fillette ou se faire une petite chopine.

Ne prenez pas cet air outré, la fillette désigne une bouteille de vin bouché d’une contenance de 37,5 cl et l’expression vendéenne quelque peu graveleuse « baiser une fillette » veut tout simplement dire boire jusqu’à la lie ladite bouteille.

La patronne, comme l’appelaient ses clients, avait du caractère et savait fort bien se faire se respecter. Son bar était le rendez-vous des ouvriers d’usines alentour, et à cette époque, dans les années 60, des usines il y en avait pas mal dans la petite bourgade challandaise, le pays du canard.

Et si la patronne avait du caractère, le bar en possédait tout autant, typique ou atypique, comme on voudra. Une toute petite salle, très sombre, avec de grandes tables entourées de bancs en bois, et un magnifique comptoir en pierres de pays. Le vin était servi dans des petits verre de forme ronde, sans pied, les mêmes qui servaient à mouler les civelles dans le pays nantais !

De temps en temps les deux gamines de la patronne venaient retrouver certains habitués pour qui elles étaient devenues les petites chouchoutes, les coudes appuyés sur la table elles buvaient leurs paroles en même temps qu’eux levaient le coude.

Au café, il n’y avait pas de grands crus, mais des petits vins de pays proposés par des distributeurs locaux, comme Lepron par exemple, à Chambretaud. Gros-plant et muscadet se taillaient la grosse part, avec les rosés et rouges de pays et les inévitables piquettes comme le Sénéclauze !

Ne cherchez plus ce café, il a disparu ; après être devenu une boîte de nuit dans les années 70, il fut ensuite démoli, il n’en reste plus trace de nos jours. Les seules traces encore visibles restent bien ancrées dans ma mémoire, nostalgiques échos de cette période insouciante de l’enfance, où ma sœur et moi avons vécu dans ce petit café, avec notre maman, la patronne, et notre papa qui travaillait à l’usine, juste derrière chez nous.

Les années ont passé. Avec le temps, les rencontres, j’ai appris à aimer le vin ce qui faisait dire à mon papa, affectueusement, quand je dédaignais en rigolant certains vins que je traitais de piquette : « ma p’tite fille, tu deviens bien une goule fine ! ». Mes parents n’avaient pas une grande cave, mais ils faisaient confiance à des producteurs amis, comme par exemple le Domaine d’Isabelle et Pascal Delaunay, Château de Putille à La Pommeraye (49), pour leurs vins de Loire de vraiment très bonne qualité.

palourdes au vin blanc sur goémon

Ce préambule pour vous présenter l’édition des Vendredi du Vin, menée ce mois-ci par Tiuscha. Le thème « à boire et à manger pour l’été », me plaisait bien, j’ai donc osé m’y risquer, modestement, parmi les ténors blogueurs du vin, moi qui n’ai pas une grande culture œnologique.

Et comme je suis en vacances en Bretagne, à l’heure où j’écris ces lignes, c’est un plat de vacances que je vous propose. Pas besoin d’aller chez le commerçant pour trouver les ingrédients, il suffit juste de se baisser à l’heure d’une grande marée et de ramasser la quantité nécessaire, sans abuser, si on veut préserver l’équilibre de la nature. Et pour ceux qui n’habitent pas en bord de mer, un petit tour chez le poissonnier et hop ! l’affaire est dans le sac.

Le panier de la recette :

La quantité de palourdes nécessaire, fraîchement pêchées et rincées à l’eau de mer,
une très grosse poignée de goémon ramassé sur les rochers,
un petit verre de vin blanc sec,
du poivre blanc,
et c’est tout !

La préparation :

Juste le temps nécessaire pour ouvrir la bouteille qui va l’accompagner et sortir les verres : vous déposez le lit de goémon dans une grande casserole large et évasée, vous répartissez dessus les palourdes, vous versez le verre de vin blanc, donnez un tour de poivre blanc, et mettez à ouvrir sur feu vif en recouvrant d’un couvercle.

Lit de goemon

L’opération dure quelques minutes, il faut que les palourdes s’ouvrent, mais sans que la chair ne devienne à l’intérieur caoutchouteuse.

L’intérêt de la recette résident dans le goémon qui va apporter à l’ensemble une saveur iodée vraiment sympathique, bien meilleure et naturelle que tous les bouquets garnis réunis, je vous le garantis.

Vous mettez le plat sur la table, et chacun se sert, c’est ça les vacances !

Et pour accompagner ce plat tout simple mais tellement bon, je vous propose un blanc de Brem, des Fiefs Vendéens. J’ai opté pour la cuvée « Bout’au vent, vieilles vignes » de Denis Roux au Domaine la Rose-Saint-Martin, issu de chenin-chardonnay, un blanc parfumé avec une minéralité très présente, typique du terroir de Brem… nous sommes sur les terres de Brem !

Bout'au Vent, Domaine la Rose-St-Martin

Ce domaine n’est certes pas parmi les plus connus des vins de Brem, le Domaine Michon étant le plus réputé, mais il vaut grandement le détour. Je ne vous dirai pas qu’il a de la cuisse, une belle robe, un nez fin, parce que c’est pas mon truc, je ne maîtrise pas le langage et ne vous débiterais que des âneries, je vous dirai simplement que je l’Aime, point !

Cuvée Bout-Au-Vent, Blanc de Brem

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Je ne vous quitterai pas sans vous montrer quelques photos de la Bretagne (Morbihan) où je suis en vacances ; de Kersauzon ayant déclaré il y a quelques années qu’en Bretagne il ne pleuvait que sur les cons, je me suis protégée car depuis 10 jours je n’ai vu pratiquement que la pluie et le vent. A Port-Navalo ça soufflait fort ce jour-là…

Port-Navalo, la tempête

A bientôt… je poursuis mes vacances…

Il paraît que le soleil va arriver, je le guette et ne le lâche plus !

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10 Responses

  1. colibri dit :

    Ca tombe bien, ta délicieuse recette toute simple, Marie-France, demain, je serais dans mes côtés d'Amour ! Comme toi, je ne suis pas du tout pour le bouquet garni dans le bouillon des crustacés, c'est tellement fin sans ! Bonnes vacances !

  2. colibri dit :

    … pourquoi je seraiS ??? J'y serai, en espérant un bon coeff. !

  3. patriarch dit :

    Je suis comme toi, soulever la robe pour apprécier la cuisse…..

    J'aime ou j'aime pas un point c'est tout Bises

  4. A boire et à manger, mais les deux de ton terroir, j'apprécie d'autant plus, merci Marie-France !

  5. Provence dit :

    Comment ne pas apprécier? Bises Bon WE

  6. Patrick CdM dit :

    Evidemment, j'ai publié un billet sur la bière ce jour-là, top débordé ces temps derniers, j'avais regardé d'un oeil distrait l'invitation FB de Tiuscha…

    Elle sent bon l'iode cette page, il m'arrive de cuisiner ainsi des poissons blancs entiers, notamment de petits bars, c'est extra….

  7. A la vue de ta photo d'algues j'ai le souvenir d'être allé en ramassé à Jars sur mer pour la déco de plats de fruits de mer . . . à une époque où j'en goûtais mêê pô.
    Quel con j'étais, maintenant j'adooooooooooooooore ça . . .
    Ciaoooooooooooooooooooooooooooooooooo

  8. insolite85 dit :

    Voilà un préambule remarquable avec "Le café de La Chapelle" digne d'une écrivaine des Contes et Légendes de Vendée…
    En Bretagne il ne pleut que sur les cons d'après de Kersauzon, et d'autres rajoutent (des mauvaises langues bien sûr) que c'est pourquoi il pleut tout le temps dans cette région !
    Amitié

  9. senga dit :

    Pas une seule goutte de pluie la seule et unique fois que j'ai séjourné en Bretagne !!! bon ça va s'arrêter c'est sûr !! Rien de plus simple mais difficile de trouver plus tentant…bises

  10. Provence dit :

    Bonnes vacances et je t'adresse volontiers un peu de soleil de Provence, il fait très (trop) chaud! Bises

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