Les bistrots de pays en pays catalan
C’est en musardant dans les ruelles de charmants petits villages de Pyrénées Orientales, en plein pays catalan, que j’ai découvert l’été dernier ces bistrots de pays.
Les bistrots, vous me direz ça n’a rien de nouveau, on en trouve partout en France. Vous avez raison, mais ce qui est plus novateur, en revanche, c’est le label « bistrot de pays » dont les petits panneaux publicitaires affichent clairement la couleur à l’entrée de certains troquets, dans de nombreux villages, que ce soit dans les Pyrénées orientales ou partout ailleurs.
Ce label – parce qu’il s’agit bien d’un label – est né il y a une vingtaine d’années du triste constat que la France perd à peu près 1000 bistrots par an (chiffre trouvé sur le site du label, je ne sais pas s’il est à jour). Et pourtant, ces cafés font partie intégrante de notre histoire. Ce sont des lieux de rencontres pleins de vie, d’animation où toutes les générations se côtoient, des lieux où on discute, on rigole, on crie, on joue aux cartes, on s’engueule, on s’embrasse, on trinque… tout comme dans la vraie vie quoi.
Vous imaginez, vous, un village sans son café ? Mais c’est comme un village sans église, inconcevable, les deux sont des lieux de communion où chacun y puise le réconfort qu’il veut bien y trouver.
Voilà pourquoi, en 1993, a été créé le label « bistrot de pays« , offrant à des petits café indépendants un soutien de communication et une charte de qualité :
Un Bistrot de Pays est un café ouvert à l’année et situé dans un petit village rural. Ce commerce de proximité indépendant permet à la clientèle de boire un coup ou de manger un morceau dans une ambiance conviviale. Certains bistrots offrent d’autres services comme l’hébergement ou l’épicerie. Les Bistrots de Pays s’engagent à constituer un point d’information touristique et un lieu d’animation festive et culturel. Les tarifs de restauration se situent dans la gamme moyenne (< 25 €). Les bistrotiers proposent une restauration sincère souvent empreinte de traditions familiales. Ils mettent en valeur autant que possible les produits et recettes du cru. (source : bistrotdepays.com)
Le premier de ces bistrots, je l’ai trouvé à Villefranche-de-Conflent, un magnifique village médiéval aux pieds du mont Canigou.
Au sein des enceintes fortifiées par Vauban, après avoir déambulé au gré des ruelles charmantes, pas encore dénaturées par les commerces tapageurs de certains sites touristiques… et il faut souhaiter que ça dure… nous sommes arrivés sur cette petite place ou règne en maître des lieux le café « le Canigou » ou « El canigo » en catalan. Le patron est pompier et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa passion est dévorante et ne le quitte pas. Le décor est kitsch à souhait – et j’adore – avec tous ses objets de collection – petits ou même très envahissants – liés à l’univers des hommes du feu.
Petit il devait sûrement dire à ses parents « je veux être pompier plus tard » et il en a gardé les traces avec toutes ces grosses voitures ou autres objets qui en font un véritable musée vivant.
J’ai adoré l’ambiance pendant les fêtes catalanes, c’était convivial, joyeux, bruyant, festif.
Le kir réalisé avec un sirop de safran local ou bien un sirop de thym très agréable en bouche et les assiettes catalanes sympathiques pour passer une soirée chaleureuse sur une terrasse.
Nous avons poursuivi notre balade à Eus, village perché à quelques kilomètres de Villefranche.
Une vraie carte postale que cet adorable village classé parmi les plus beaux villages de France où il vous faudra avoir les mollets bien affûtés pour grimper les ruelles escarpées, pavées de galets à réserver à des chaussures plates, pour arriver à la place centrale dominée par l’imposante église Saint-Vincent.
Sur la place, le petit bistrot de pays « des goûts et des couleurs » offre ses tables charmantes sous les platanes.
Forcément on a envie de s’y asseoir, de s’y désaltérer car la grimpette sous le soleil a donné chaud et fait mal aux mollets.
Je n’ai pas testé la cuisine, bien évidemment faite de spécialités locales, comme le veut la charte du label. Mais en tout cas l’endroit est adorable, et on a du mal à en décoller tant la vue est magnifique sur la vallée de la Têt et le Mont Canigou.
Nous nous sommes arrêtés dans d’autres charmants petits bistrots de pays, au gré de nos balades, sans toujours prendre les photos. Je vous recommande aussi celui tout près de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxha. Après avoir visité l’abbaye et son sublime cloître roman, la halte au bistrot de pays « El taller« , dans le village de Taurinya vaut aussi le détour. Si le décor très moderne peut dérouter au départ, l’endroit s’impose aussi comme un lieu de convivialité et de dégustation de spécialités locales très agréable.
Alors, je dis :
vive les petits bistrots de pays, je soutiens à fond ces initiatives
et je leur souhaite surtout longue vie.
Bonjour,
Je suis sûr que vous attendiez un commentaire de ma part. Au-delà d’un commentaire, ce sera une réaction !
En effet, vous mettez à mal « ma » Bourgogne et blessez mon « léger, mais très réel et revendiqué », chauvinisme !
Comment pouvez-vous parler d’un « …kir réalisé avec un sirop de safran local ou bien un sirop de thym… ».
Je ne doute pas que ce breuvage soit « très agréable en bouche… » mais cette potion, pour magique qu’elle soit, ne saurait, jamais, au grand jamais, s’appeler Kir.
Un Kir est un apéritif, à base de crème de cassis et de vin blanc Bourgogne Aligoté, né quelques temps après la seconde guerre mondiale. Il porte le nom de son inventeur, le Chanoine Kir, emblématique maire de Dijon.
La recette originale du Kir, le seul, le vrai, se compose d’un tiers de crème de cassis (qui est une liqueur (20°) et non un sirop) et de deux tiers de vin blanc Bourgogne Aligoté.
Le Chanoine Félix Kir aurait eu l’idée de créer cette boisson, cet apéritif, pour faire augmenter la consommation du Bourgogne Aligoté et diminuer ainsi les stocks de ce vin blanc, à l’époque, quelque peu astringent. Astringence qui explique la part importante (1/3) de la crème de cassis pour l’effacer.
Aujourd’hui, la qualité du Bourgogne Aligoté s’est fort améliorée, à en devenir un vin blanc qui fait la nique à d’autres de grands noms (et à moindre coût) pour moult entrées, escargots, charcuteries, poissons, fruits de mer…
Un Kir, maintenant, c’est, pour moi, un gros dixième de crème de cassis dans neuf petits dixièmes de Bourgogne Aligoté. Et sans glaçons, sacrilège suprême !
Dijon doit aussi à la volonté, à la détermination, à la pugnacité de son maire, le Chanoine Félix Kir, l’initiation, la création et la réalisation du lac éponyme, le « Lac du Chanoine Kir », seul plan d’eau de l’agglomération.
Allez, allez, Marie-France ! Venez, venez en Bourgogne, pour faire comme le dit un certain Jean-Luc, une escapade gourmande…
Cordialement,
Jean-Michel 71
Ah ! Jean-Michel, comme j’aime quand vous revendiquez de manière aussi gourmande et passionnée vos origines bourguignonnes. Et ce serait malvenu de ma part de vous contredire, alors que grâce à vous j’ai eu le bonheur de connaître et déguster le mythique escarboeuf. Oui, oui, j’irai même jusqu’à dire mythique car le mariage du bœuf et de l’escargot relève quand même au prime abord de la gageure.
Bon, revenons-en au kir, au vrai, à l’unique. Vous avez raison, les autres ne sont que des ersatz, et il faut rendre au chanoine ce qui lui appartient. Je dois avouer que pour l’instant je n’ai pas gardé de souvenirs impérissables de dégustations de kirs. Où ils sont trop sucrés – trop de crème de cassis – ou pas assez, ou le blanc qui l’accompagne est insipide. J’ai succombé à pas mal de tendances : crème de pêche, rose, safran, mûre…. mais sans grande conviction. De plus en plus, désormais, je consomme à l’apéritif le vin blanc nature. Et justement, le bourgogne aligoté, je l’apprécie énormément. Dans sa plus simple expression, avec pour seule habit sa belle robe jaune dorée, c’est une petite perle, fruitée juste ce qu’il faut, que je savoure avec un immense plaisir… et il ne me viendrait surtout pas à l’idée d’y mettre des glaçons, cré non de non… je ne suis pas bourguignonne mais j’ai des principes !
En tout cas, l’idée d’une escapade bourguignonne me trotte depuis longtemps dans la tête, mais les kilomètres sont là, et sont nombreux…. Cela viendra, en son temps, et là c’est sûr, je prendrai le temps de déguster le kir, le vrai, l’unique, celui de ce cher bon chanoine en l’honneur de qui je lèverai mon verre…. et glou, et glou.