Le gâteau de noce de Noirmoutier
Jadis, à Noirmoutier, on l’appelait aussi le molet de noce. Pas de repas de mariage sans ce gâteau traditionnel, le gâteau de noce.
En ce début du XXème siècle, les mariés, suivis par le cortège et le joueur de veuze – le veuzou, arrivaient en charrette ou à pied à la mairie de Noirmoutier. La cérémonie civile les unissait légalement, le cortège repartait ensuite vers l’église pour que les mariés reçoivent la bénédiction du curé. La messe terminée, le cortège – bras dessus, bras dessous – prenait la direction de la salle du banquet, en s’arrêtant dans presque tous les cafés trouvés le long de la route.
« Rosalie, tu m’as toujours dit
que tu n’t’aurais jamais établie,
mais je vois bien que tu m’as trompé
car aujourd’hui t’es la mariée. »
La fête alors commençait, avec la famille, les amis. Une fête qui généralement s’étalait sur trois jours. En fait elle avait commencé la veille avec les préparatifs, le jour-même bien sûr et le lendemain de noce.
Les cuisinières s’étaient activées la veille pour préparer les gâteaux qui allaient mettre fin au repas. Il y avait bien sûr le gâteau de la mariée, représentant à lui seul 70 portions et recouvert d’une cinquantaine de dragées et ceux pour les invités. Chaque gâteau était découpé en quatre. Les parts étant énormes, les invités repartaient généralement avec leur morceau bien enveloppé dans le mouchoir. Même les absents, ceux qui n’avaient pas pu participer à la noce, pouvaient en bénéficier : le lendemain les mariés allaient leur en offrir. Pour une noce de 70 à 80 personnes, pas moins de 35 à 40 molets pouvaient être enfournés.
Les gâteaux de noce cuisaient dans des fours à bois, souvent chauffé aux sarments de vigne. Par la suite, en milieu de siècle, ce sont les boulangers qui prirent le relais et offrirent leurs fours aux familles. Et de nos jours, certains boulangers perpétuent la tradition et continuent à les préparer.
Ces informations sont issues d’une formidable revue que je vous recommande. « LA LETTRE AUX AMIS » – Réalisée par l’association « Les amis de l’Île de Noirmoutier« , depuis 1968 elle s’évertue à faire revivre l’histoire et les traditions séculaires de l’île.
La recette de gâteau de noces que je partage aujourd’hui a été confiée à la revue par Fine Potoune, une vieille dame originaire du petit bourg de l’Epine, dans l’île de Noirmoutier. Fine n’est maintenant plus de ce monde, mais reste toujours très présente dans la mémoire des locaux. Une belle personne que cette Fine Potoune, qui – pendant plus de 50 ans, a officié comme cuisinière de mariages, baptêmes ou communions.
Autant dire que des gâteaux de noce, elle en a confectionné plus d’un… des tonnes selon ses dires !
Les proportions qu’elle a communiquées pour la revue sont énormes. Rendez-vous compte : 10 kilos de farine, 6 livres de beurre, 6 douzaines d’œufs….. etc…
Il m’a fallu revoir les doses, les adapter. J’espère n’avoir pas dénaturé la vraie recette et que Fine, de là-haut sur son nuage, m’aura regardé faire avec bienveillance.
INGREDIENTS
- 500 g de farine
- 250 g de sucre
- 200 g de beurre
- 6 œufs
- 1 sachet de levure
- 1 sachet de sucre vanillé
- 50 cl de crème fraîche
- Fleur d’oranger pour parfumer
- 1 jaune d’œuf et 1 cuillère à soupe de lait
PREPARATION
Préchauffer le four thermostat 200°
Tamiser la farine et la levure. Ajouter le sucre et casser les œufs un par un en commençant à mélanger.
Ajouter le beurre fondu et terminer par la crème fraîche en continuant à battre pour que la préparation soit homogène.
Parfumer avec la fleur d’oranger.
Disposer dans un grand plat à gâteau beurré. Badigeonner avec le jaune d’œuf mélangé à un peu de lait.
Enfourner et rabaisser la température à 180°. Laisser cuire pendant 40 à 45 minutes.
A noter que cette tradition du gâteau de mariage n’est pas propre à Noirmoutier. Après avoir quitté les pavés du passage du Gois pour mettre pied sur le continent, et même en s’enfonçant dans le bocage vendéen, on retrouve cette coutume du gâteau de noces dans de nombreux foyers.
« Oh ma fille, ma fille chérie,
tu vas donc quitter ta famille
et le toit paternel pour celui d’un époux… »
Un peu plus tard dans la nuit, lors de la rituelle soupe à l’oignon, les chants se faisaient plus grivois :
« Ouvrez, ouvrez Madame le mariée.
Comment vous ouvrirais-je, je suis au lit couchée,
Mon mari qui me tient, qui me tient à brassée… »
Quelle jolie évocation de coutumes passées !C’est sûr, la recette que tu nous proposes prend une toute autre saveur à la lecture de ces lignes … C’est chouette que des gens se regroupent pour tâcher de rassembler, tant qu’il en est encore temps, les souvenirs des Anciens, de façon à ne rien perdre de ces vieilles traditions … Je prends bien sûr la recette du gâteau que tu nous as, j’en suis sûre, transmise de la façon la fidèle possible.
Bises et bon dimanche
Hélène
Coucou Hélène, ça me fait plaisir de te voir en ce dimanche et je suis heureuse que cette évocation te plaise. Je sais que toi aussi tu es attachée à toutes ces traditions et que tu les partages aussi. Merci de ta visite et bon dimanche en famille.
Bonjour,
Comment, me suis-je dit, à Noirmoutier, on écrit molet avec un seul « L » ? Ce ne doit pas être sans raison !
J’ai cherché et j’ai trouvé la définition du molet. Un soupçon d’imagination et un détournement quelque peu coquin permettent de donner une toute autre signification au molet.
Peut-être même l' »objet » d’une strophe de la chanson grivoise que vous citez.
Molet : jeu de calibres en bois permettant de mesurer l’épaisseur et la profondeur d’une rainure, pour y ajuster la languette (Source : http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/molet)
Comment savoir si…
Quant aux proportions données par Fine Potoune, elles me rappellent peu ou prou celles mentionnées par Ginette Mathiot dans son livre «400 recettes pour 100 convives».
Qu’importe, je partage la sagesse d’Alphonse Daudet : « La gourmandise commence quand on n’a plus faim ».
Cordialement,
Jean-Michel 71
Bonsoir Jean-Michel,
J’ai eu un doute moi aussi, je me suis demandée si j’avais bien lu. Et je ne mets pas en doute l’orthographe de la personne qui a écrit l’article sur la revue de l’association noirmoutrine. Je ne sais si l’explication que vous donnez est la bonne, mais ça me rend curieuse de le savoir et je vais lancer la question sur un forum local.
Bonne soirée, bonnes gourmandises.
Miam miam !!! de plus c’est un gâteau qui se garde très bien si pas trop de gourmands autour de la table… Merci Marie et belle soirée.
Oui Elisabeth, j’ai lu qu’il se conservait dans des boîtes en fer. C’était un gâteau assez consistant. Tu dois le connaître, toi qui vis à Noirmoutier. Tu sais où en trouve sur l’île ?
j’ai hâte de goûter ce gâteau_ hélas c’est trop tard pour aujourd’hui!_ il me rappelle étrangement le gâteau minute (il n’a pas du tout la même consistance que le gâteau minute de la région de Fontenay) qu’on faisait dans la région sud de Luçon pour les grandes occasions.
J’en profite pour m’inscrire à la newsletter trop contente de pouvoir enfin retrouver des recettes anciennes!
Bonjour Evelyne, le gâteau minute n’a pas la même texture, c’est plus près du gâteau de Savoir. Le molet de noce s’apparente à une galette. Contente de vous voir arriver sur ma page, et je vous souhaite la bienvenue et de continuer à trouver votre bonheur et vos gourmandises sur mes pages.
Amitiés gastronomes et gourmandes,
J’ai trouvé cette galette ce matin au marché de l’Epine .j’ai donc cherché sa provenance ,et suis ravie d’ apprendre toutes ces choses.je dois attendre d’avoir déjeuner pour avoir le doit d’y gouter ha la la que c’ est long .j ai aussi acheté un flan maraichin dont j espère qu’ il sera aussi bon que celui que je dégustais a Sion