La fête de la bonnotte, Noirmoutier – Part 1
Fête de la bonnotte pluvieuse,
fête de la bonnotte heureuse.
Tel fut l’adage de cette 17ème édition où le soleil se l’est joué filou, entamant un jeu de cache-cache entre nuages et averses.
Mais ici, sur l’île on sait bien que les averses sont vite chassées par la marée, et si la matinée fut particulièrement ventée et pluvieuse, le soleil s’est montré généreux l’après-midi permettant de ne pas gâcher le rallye vélo et la fête en soirée.
Ce n’étaient certainement pas ces quelques rafales qui allaient arrêter les afficionados amateurs de bonnotte.
Dès le début de matinée, ils étaient nombreux à se presser dans le champ d’arrachage destiné au public, sur la petite route du Vieil. Et d’ailleurs, la valeur n’attendant pas le nombre des années, même les plus petits n’auraient pas voulu rater ce rendez-vous annuel et n’ont pas hésiter à mettre la main à la terre.
La bonnotte est un peu la reine de l’île. Elle fait perdre la tête des fins gastronomes qui se l’arrachent (la patate, pas la tête !), mais a bien failli perdre la sienne (sa tête, cette fois-ci !) dans les années 60.
C’est entre 1920 et 1930 qu’un agriculteur au flair affûté ramena de Normandie (Barfleur) pour l’introduire sur l’île de Noirmoutier cette nouvelle variété de pomme de terre. On lui prête alors plusieurs noms aux consonances bien locales : bounnette, bonnette… bonnotte l’emportera définitivement.
Elle perdurera pendant une trentaine d’années, cultivée sur des terres labourées par les petits cagnots (les ânes dans le patois noirmoutrin), les chevaux ou les bœufs, puis ensemencée à la main sur des lits de goémon qui lui confèrent cette saveur unique. La récolte se faisait également manuellement… essentiellement.
L’ère de la mécanisation venant, ce système de production à faible rendement a failli lui coûter la vie, en tout cas elle fut jetée aux oubliettes…. avant de repointer le bout de sa jolie frimousse et petite pelure si fine en 1995, sous l’impulsion des agriculteurs de l’île regroupés au sein de la coopérative et de leur directeur, Gérard Sémelin. Riche idée, validée par les chercheurs de l’INRA qui confirmèrent que notre petit tubercule était bien conforme à la variété d’origine.
Depuis, plus rien ne l’arrête, et – de manière immuable – le 2 février, soit à la chandeleur, les agriculteurs la sèment sur les billons, les buttes de terre parallèles de 70 cm de large, procédé unique qui permet au sol de mieux se réchauffer et se drainer.
90 jours plus tard, donc début mai, la bonnotte est alors récoltée – à la main – ce qui explique que l’on parle de pomme de terre primeur.
Et traditionnellement, la coopérative organise le 8 mai une fête, la fête de la bonnotte : arrachage en matinée, rallye vélo l’après-midi et soirée grillade avec chants marins en compagnie de la confrérie de la sardine de Croix-de-Vie.
Je tiens à remercier chaleureusement les agriculteurs de la coopérative qui nous ont reçus avec beaucoup de générosité et ont même partagé avec nous une….. paella royale après la matinée particulièrement pluvieuse.
La suite de la fête, avec la soirée et aussi la promenade sur l’île, ce sera dans un prochain billet.
Affaire à suivre….