Le fromage dans la littérature
Ce 25 janvier, a lieu la première édition de la journée du fromage – ou « cheese day« , au Pavillon Ledoyen à Paris. Conférences, chefs de cuisine, accords fromages-vins, dégustations comme de bien entendu, le temple de la gastronomie parisienne est tout entier dédié au fromage et toutes ses déclinaisons.
Une manifestation très parisienne, pour les parisiens !
Pour vous qui ne pouvez vous déplacer à Paris, voici quelques extraits de littérature qui vous feront voyager dans le temps avec les effluves de fromages.
Colette
Friandes de fromages, les femmes s’en privent depuis que la terrible névrose de la maigreur les gouverne. Autrefois, une femme savait mieux choisir les fromages qu’un homme. Tâter la croûte, mesurer l’élasticité de la pâte, deviner un fromage est un peu une affaire de radiesthésie. Si j’avais un fils à marier, je lui dirais :
Méfie-toi de la jeune fille qui n’aime ni le vin, ni la truffe, ni le fromage, ni la musique !
Brillat-Savarin
Un repas sans fromage est comme une belle à qui il manque un œil.
Emile Zola, dans « Le Ventre de Paris »
… Mais c’est surtout sur la table que les fromages s’empilaient. Là, à côté de beurre à la livre, dans des feuilles de poirée, s’élargissait un cantal géant, comme fendu à coups de hache, puis venait un chester, couleur d’or, un gruyère pareil à une roue tombée de quelque char barbare, des hollandes, ronds comme des têtes coupées, barbouillés de sang séché, avec cette dureté de crâne vide qui les fait nommer tête de mort. Trois bries sur des planches rondes avaient des mélancolies de lunes éteintes.
Le poète Saint-Amand à propos du brie :
O Dieu, quel manger précieux !
Quel goût rare et délicieux !
Qu’au prix de lui ma fantaisie,
Incarne la sainte ambroisie !
O doux cotignac de Bacchus,
Fromage, que tu vaux d’écus !
Charles d’Orléans, toujours à propos du brie, dans un madrigal adressé à une charmante conquête :
Mon doux cœur, je vous envoie,
Soigneusement choisi par moi,
Le brie de Meaux délicieux.
Il vous dira que malheureux
par votre absence je languis
Au point d’en perdre l’appétit.
Et c’est pourquoi je vous l’envoie,
Quel sacrifice c’est pour moi !
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Qu’en termes jolis,
tout cela est dit,
vous ne trouvez pas chers amis ?
Cheese !
J’aime la citation de Colette et celle de Brillat Savarin m’a bien fait rire 😉
Merci pour ce savoureux partage.