La Brasserie Mélusine à Chambretaud
Je vous amène cette fois-ci à Chambretaud, commune vendéenne du Haut-Bocage situé aux limites du Choletais, mais surtout commune qui héberge le Puy-du-Fou et son célèbre parc.
Cette petite bourgade est très connue pour sa légende de la mariée, que l’imagination populaire ou la tradition ont transformée et quelque fois amplifiée,
l’histoire de « La Mariée de Chambretaud« , devenue aujourd’hui légende dans le folklore vendéen, repose effectivement sur un fait historique.
La légende remonte aux années 1854 et 1855, sous le Second Empire, la France se trouvant engagée contre les Russes qui voulaient s’emparer de Constantinople. Les contingents de soldats de métier étant décimés, le gouvernement de Napoléon III dut faire appel à des volontaires métropolitains pour renouveler le corps expéditionnaire. Les autorités décidèrent d’envoyer en priorité les hommes célibataires.
Célibataire endurci mais cependant rusé, un chambretaudais fit une demande en mariage auprès d’une vieille fille au célibat prolongé et la date du mariage fut fixée au 8 septembre 1855, ce qui lui permettait d’échapper à l’incorporation. Ayant appris le matin du mariage que Sébastopol était prise, il en a conclu que la guerre était terminée et qu’il se trouvait libre vis à vis des autorités militaires et des engagements civils qu’il s’apprêtait à souscrire. Il disparut momentanément et laissa la pauvre mariée aller toute seule à la mairie. Pauvre mariée abandonnée !
Mais quelques mois plus tard, conscient de la peine qu’il avait causée, le galant se racheta et épousa enfin celle qu’il avait délaissée de façon aussi inexplicable qu’inattendue en pareille circonstance.
Voilà l’histoire véridique de la « Mariée de Chambretaud » (merci à la mairie de Chambretaud pour toutes ses sources).
Chambretaud est aussi connu pour son « diamant », en fait une fort belle variété de cristal de roche qui porte le nom de quartz enfumé, c’est-à-dire de quartz yalin ou transparent, comme du verre coloré, parfois en brun, parfois jaunâtre. Ramassé par les cultivateurs à la surface du sol, il servait aux 18e et 19e siècles à faire des bijoux locaux, en particulier des chatons de bagues.
Sous la Restauration, la fille de Louis XVI, la duchesse d’angoulême a reçu en cadeau une parure en quartz enfumé. D’anciens officiers vendéens en ont aussi offert sous forme de collier à la Duchesse de Berry. L’Evêque d’Orléans reçut en cadeau un anneau épiscopal dont le chaton portait une pierre de Chambretaud.
On va en finir là avec l’histoire, je vous amène maintenant à la découverte de la Brasserie Mélusine, brasserie artisanale implantée depuis quelques années sur la commune de Chambretaud.
La bière y est fabriquée selon la méthode trappiste qui consiste en deux hautes fermentations, donc non pasteurisée. La deuxième fermentation se faisant en bouteille, il se forme donc toujours un petit dépôt naturel de levure.
La Brasserie a pris le nom de Mélusine car l’eau constitue l’élément principal de la fabrication des bières… Et la légende de la fée Mélusine assurant qu’elle veillait sur les sources et assurait prospérité et bienfait, ce nom s’est imposé de lui-même. De plus la fée Mélusine et sa légende sont très présentes en Vendée, notamment dans la très belle forêt de Mervent-Vouvant.
La composition de la bière : 80 % d’eau, 20 % de malte (orge mis à sécher – apporte le sucre et la couleur selon la température de séchage) et moins de 1 % de levure et de houblon. Le houblon amène amertume et la conservation, la levure sert à la transformation en alcool.
Les 5 produits principaux de la brasserie :
-« La Mélusine » : 6,5° – bière blonde et douce à base de miel et d’angélique
– « La Barbe Bleue » : 7 ° – bière brune plus forte – malte black + anis vert et alchemille
– « La Cervoise » : 6,5° – bière rousse à base de myrthe et de miel du bocage
– « La Blanche écume » : douce à base de coriandre, orange amère et écorces de citron
– « La Mandragore » : 4,8° – bière blonde très légère avec de l’angélique.
La brasserie est ouverte au public,
video et dégustation sont au programme pour les visiteurs.
en 2007 une médaille de bronze, pour la Barbe Bleue – bière brune)
Je vous quitte avec la chanson de « La Mariée de Chambretaud » chantée comme il se doit dans tous les mariages traditionnels vendéens.
Y va v’conter l’historiette
De la Mariée de Chambretaud
A s’appelait la p’tit’Jacquette
All’était la feil »dau bedeau
A l’était un poil coquette
Tot’ les feill’s avont tcho défaut
Mé quem’ t’a l’avait d’la galette
Les gars la r’luquiont quem’ l’o faut
A sont terjou d’in boun défaite
Tchélas qu’avont un grous magot
Aussi chacun trouvait Jacquette
la plus bell »feill’ de Chambretaud
L’o savait bé la p’tit’mazette
Et ne v’lait pas s’presser d’sitôt
Mêm’ qu’à s’faisait in’amusette
de renvoyer chacun penaud
Tos les gars li disiont : « Jacquette
Dis o veux-t bé quem’to faut »
Mé terjou faisant in pirouette
A lui répondait « poué d’sitôt »
En attendant pas in fillette
Ne se mariait à Chambretaud
Tos les gars tchi veliant Jacquette
Tourniant terjou autour do pot
Un bia jour perton la fillette
finit tot d’même per dir’le mot
Tcho ch’ avait décidé Jacquette
Etait tot boun’ment Jean Loizeau
Les autr’ faisiant in’ drol’ de tête
Mé tot’ les feuill’ rel’viant l’museau….
… V’la donc qu’à l’église la Jacquette
s’en était v’nue avec Loizeau
Mé quand M’sieur l’tchuré dit : « Jacquette
Etou bé vrai qu’tu veux Loizeau ?
V’la qu’a dit en dressant la tête
« Eh bé nan, y veux pouet d’cho sot ».
Une drôle d’histoire, que j’ai lu avec plaisir, c’est bien agréable de découvrir les régions sans bouger de chez soi et de s’enrichir intellectuellement.
Merci…!
Pas de bière Mélusine pour moi (gluten) mais quel délice cela doit être ce plat! Bon Week end. Bises