Les garçonnes des Sables-d’Olonne, elles tapinent, ramendent et moi je fais des tapas de sardines
Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître….
Elles s’appelaient Anathalie, Clovissia, Bonté, Sémillante, Olympie ou même Superbe… des prénoms hauts en couleurs pour des femmes de caractère, ce fichu caractère bien trempé qui fait toute la spécificité et le charme des hommes et femmes de la Chaume ; la Chaume, ce quartier populaire de marins-pêcheurs des Sables d’Olonne, à la base commune indépendante puis rattachée aux Sables-d’Olonne en 1753.
A la Chaume, on cultive et entretient depuis longtemps un langage unique et haut en couleur, mélange de parler gouailleur et de patois vendéen, une manière peut-être de se différencier des Sables-d’Olonne, la bourgeoise. Les jeunes de nos jours s’amusent à perpétrer les traditions, en émaillant leurs discussions de « véruse ou vérole à maquereau », un peu comme les « té, couillon ! » dans le sud.
Ces femmes étaient surnommées les garçonnes, tapineuses aux Sables-d’Olonne ou plus communément ramendeuses sur toutes les côtes de France.
Bien souvent des femmes de marins-pêcheurs, elles étaient chargées de l’entretien des filets bleus, les rets ou « raïes » comme les pêcheurs d’ici disent ; des filets destinés à la pêche aux sardines. Ce travail était rémunéré par le patron du bateau.
Les hommes partaient très tôt le matin, vers 4 heures et rentraient au port en début d’après-midi, vers 14 heures. Elles les attendaient au pied du bateau et prenaient alors le relais pour un long travail de patience et de méticulosité. Elles avaient juste quelques heures devant elles pour adoucir, nettoyer et réparer les mailles des filets endommagées par les poissons. Un vrai métier qui, après avoir été enseigné au XIXème siècle dans les écoles publiques des Sables-d’Olonne a fini par se transmettre de mère en fille, ou de vieille voisine en amie.
Avec leurs charrettes à bras, elles chargeaient les filets, remontaient les ruelles du port pour d’abord les nettoyer, les adoucir de l’eau de mer dans de grands bacs puis les redescendre sur le port pour les faire sécher, suspendus sur des pieux ou les piles du quai. Quand les filets étaient secs, les tapineuses pouvaient enfin commencer le travail de réparation et raccommodage.
Jusque dans les années 70/80, nombre de touristes en quête de souvenirs pittoresques ont sorti leurs caméras ou appareils photos pour immortaliser ces moments de la vie locale ; parce qu’elles assuraient le spectacle – et en rajoutaient parfois au folklore quand certains touristes les agaçaient un peu trop ! Installées le plus souvent en petits groupes, les discussions émaillées de patois local sur la vie de quartier allaient bon train, elles n’hésitaient pas non plus à pousser la chansonnette, des chants de marins, des chants de halage ou des airs célèbres d’opéra, comme ceux qui passaient au grand Casino des Sables-d’Olonne. Et si un touriste un peu indélicat osait leur demander comment elles étaient payées, fusait alors un « tu vois bien que nous sommes payées au trou ! »
Inutile de nos jours de chercher sur les quais ces garçonnes, le métier a peu à peu disparu. Certaines femmes ont malgré tout repris ce travail de réparation des filets, mais elles le font de manière indépendante, de chez elles.
Seuls subsistent à la Chaume des noms de rues, souvenir nostalgique de cette époque révolue et hommage à ces femmes qui ont participé de manière active à la vie locale : « la rue des filets » ou « l’impasse des garçonnes ». Si vous vous promenez par hasard dans ces petites rues de la Chaume, vous saurez maintenant à quoi vous en tenir.
Sources à consulter :
Site de l’association Olona, groupe d’études historiques, maritimes et archeologiques du pays sablais (Clic ICI)
Blog « Je voulais être marin-pêcheur, Damien » – Clic ICI
NOTE
Cette histoire locale m’a servi de base pour l’écriture de « Pélagie, la garçonne de la Chaume » dans mon recueil « les Contes de la Cocotte« .
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Tapas de seiche aux sardines
à l’huile de truffe noire et zestes de combava
Ces petits amuse-bouche seront très agréables accompagnés d’un verre de vin blanc. J’ai utilisé des sardines marinées à l’huile de truffe.
Rien de très compliqué dans la préparation…
~~~ Escaloper à cru le blanc de seiche pour en retirer des lamelles le plus fines possibles.
~~~ Egoutter les filets de sardines, retirer la fine arrête centrale et les émietter. Enlever les zestes d’un combava (environ 1 càc), poivrer généreusement avec du poivre de Sechuan et ajouter un peu d’huile de macération des sardines.
~~~ Faire chauffer une poêle et faire snacker les seiches 2 minutes de chaque côté. Les retirer de la poêle et laisser tiédir. Etaler ensuite la préparation précédente sur les blancs de seiche, rouler et maintenir fermés avec une pique en bois.
~~~ Décorer selon votre inspiration et ce que vous avez dans votre placard : j’ai juste décoré un peu mon assiette avec du balsamique étalé à l’aide d’un pinceau de cuisine, mis quelques pluches de fanes de carottes, et quelques perles de balsamique.
Merci pour cette jolie tranche d'histoire, je penserai à toi cet été en arpentant les rues de la Chaume … et en dégustant des sardines 😉
Ils me font de l'oeil tes tapas….
sympa aussi, ta petite histoire de début de billet 😉
bises
jojo
Pendant mes années de travail, je me servais de ces bobines longues de fil nylon bleu, comme cordeau pour monter les murs. Elle peut se tendre sans casser, ce qui fait qu'il n'y a pas de mou sur de grande distance…..
Belle journée. Bises
La Chaume, un quartier agréable à visiter l'été. Intéressant de mieux en connaitre l'histoire. J'adore les sardines, mais dans la famille, ils boudent un peu ce plaisir …
Ce titre évocateur ( mon mari est Sablais ! ) m'a de suite interloque. Merci pour ce joli partage d'histoire.
Et ta recette … que dire ? A tomber ! J'adore.
Bon WE a toi. Bises gourmandes.
C'est mon pti mari qui parmi ses clients compte un pur natif de la Chaume.
Les tapas j'ai très envie de les réaliser;)
bises!
Bravo ! En pan d’histoire bien raconté ! De la couleur et de l’émotion, je reconnais les talents de narratrice de mon amie Marie-France, merci pour cette transmission du savoir.
Bises de ton photographe « préféré » !…Jean-Pierre
Merci Jean-Pierre pour ces mots si gentils. Quand l’histoire est déjà belle à la base ça facilite le récit. Et c’est un réel plaisir d’évoquer ces hommes et femmes si proches de nous, dans un monde qui évolue si vite. Bises à toi, mon photographe préféré 😉