L’escarboeuf, joue de boeuf aux escargots
Parmi les visiteurs du blog, il est des fidèles que j’ai toujours autant de plaisir à retrouver quand ils me font le plaisir d’un commentaire au fil des recettes proposées.
Jean-Michel est l’un de ceux-ci, et lors d’une discussion récente, il m’a mise en appétit avec une recette bourguignonne qui a réveillé en moi mes instincts épicuriens. La description qu’il m’en a faite était si alléchante, qu’il me fallait de suite essayer cette recette qui me paraissait être le saint-graal de la gourmandise. Et ça tombait bien puisque j’avais des invités deux jours plus tard.
Ce plat, spécialité apparemment de certains restaurateurs bourguignons, est réalisé à partir de joue de bœuf et d’escargots, d’où le nom d’escarboeuf. Un mélange hasardeux, mais un mélange qui avait tout pour me plaire, j’adore ce type d’alliances. Après tout, je marie bien les huîtres avec le foie gras ou la truffe, pourquoi pas le bœuf et l’escargot. Si c’était une fable, sa morale me plaisait bien et me titillait l’estomac.
J’ai cherché les recettes sur le net, en ai trouvé avec vin blanc qui ne semblaient pas correspondre avec celle dégustée au restaurant par mon lecteur gourmand. Il m’a aiguillé alors vers une vidéo lui semblant correspondre au plus juste avec le plat goûté et je me suis basée sur ce pas à pas bien expliqué.
Sauf que le jour-même, j’avais la joue de bœuf mais pas les escargots, car je voulais des escargots au naturel. Pas question de me laisser abattre, et comme une gamine qui veut à tout prix son jouet et trépignera si elle ne l’a pas, j’ai fait plusieurs magasins avant d’être obligée de me rabattre sur des escargots surgelés préparés au beurre d’ail. Eh ! Au final, figurez-vous que bien m’en a pris car le résultat a été au delà de mes espérances, et tout compte fait ce petit beurre d’ail est le bienvenu dans la sauce.
Bon, assez parlé, si on passait en cuisine.
Les ingrédients pour 4 personnes
1 kilo de joue de bœuf découpée en morceaux – 24 escargots au beurre d’ail – 50 cl d’un bon vin rouge, de préférence un bourgogne (bourgogne passetoutgrain pour suivre les conseils de mon lecteur également amateur de bon vin) – 1 petit verre d’eau de vie (évidemment, une fine bourgogne sera le compagnon idéal, mais toute autre bonne eau de vie fera l’affaire)
– 1 bouquet garni – 1 carotte coupée en rondelles – une petite branche de céleri – 100 g de lard frais coupé en lardons – 1 orange – 1 cuillère à soupe de chocolat en poudre légèrement amer (type Van Houten) – sel – poivre en grains – clous de girofle – Muscade – beurre – huile – persil – 2 échalotes – 2 pointes d’ail – 1 oignon
PREPARATION
La veille :
faites mariner les morceaux de viande dans le vin rouge avec le bouquet garni, carottes et céleri et l’oignon piqué de deux clous de girofle . Couvrez d’un film transparent et maintenez au frais.
Le jour-même : dans une cocotte en fonte – je vous garantis que c’est meilleur pour le mijotage – faites fondre le beurre avec l’huile. N’attendez pas qu’il brûle pour ajouter les échalotes ciselées et les lardons. Laissez blondir le tout puis retirez avec une écumoire.
A la place mettez les morceaux de viande à prendre couleur de tous côtés pendant 1 à 2 minutes.
Flambez, puis remettez les lardons et échalotes, recouvrez avec le vin de la marinade que vous aurez filtrée totalement. Saupoudrez d’une demi-cuillère à café de muscade râpée, ajoutez une dizaine de petits grains de poivre, les deux pointes d’ail écrasées, salez très légèrement et mettez sur feu extrêmement doux. Pour ma part, je le laisse sur le coin de ma plaque mijotage du piano de cuisine.
Oubliez pendant au minimum 2 heures à 2 h 30.
Passé ce laps de temps, votre sauce aura réduit de moitié et présentera déjà un aspect sirupeux fort agréable à l’œil et aux papilles. Râpez le zeste d’une orange dans le plat, saupoudrez du chocolat en poudre et refermez pour encore 30 minutes.
Pendant ce temps faites cuire les escargots au four pendant 5/10 minutes.
Décoquillez-les après cuisson et conservez le beurre d’ail.
Au dernier moment, ajoutez dans la sauce les escargots et le beurre d’ail, maintenez encore 5 minutes.
Maintenant vous pouvez servir, c’est prêt. Et n’oubliez pas que réchauffé, ce sera toujours aussi bon, voire meilleur.
Accompagnez de pâtes fraîches.
NOTES :
J'ai choisi un poivre blanc appelé poivre du Moungo, originaire de la province du même nom au Cameroun. Ce poivre offre une puissance aromatique exceptionnelle. Je le trouve très facilement près de chez moi, dans un magasin spécialisé en épicerie fine et poivres en tous genres. Plutôt que de le moudre, il est conseillé de mettre ses baies entières dans la sauce des plats destinés à être mijotés, elles exhaleront leurs parfums durant la cuisson.
Si vous n'obtenez pas une sauce suffisamment réduite et sirupeuse, en fin de cuisson, ajoutez et délayez un beurre manié avec farine.
Bonsoir ou bonjour,
Je ne m’attendais pas à un tel « succès » de ma suggestion.
Le Saint-Graal de la gourmandise !!! Rien que çà !!!
Ce Saint Graal, mythique objet de la quête incessante des Chevaliers de la Table Ronde.
En Bourgogne, dans l’attente de l’heureux évènement de la conquête, de la découverte de cette Inaccessible Étoile (comme le chante Jacques Brel, dans La Quête), nous encourageons les Preux Chevaliers :
Chevaliers de la Table Ronde
Goûtons voir si le vin est bon
Chevaliers de la Table Ronde
Goûtons voir si le vin est bon
Goûtons voir, oui, oui, oui
Goûtons voir, non, non, non
Goûtons voir si le vin est bon.
…
Et ce vin, utilisé dans la recette, le Bourgogne Passetoutgrain (ou Passe-tout-grain) est un assemblage de cépages Gamay et Pinot noir (2/3 – 1/3).
C’est un très bon vin dont je ferais bien mon ordinaire journalier pour accompagner charcuterie, grillades voire viandes en sauce… ou les œufs en meurette…
En cuisine, il m’est un excellent compagnon et remplace, à mon humble avis, avantageusement les grands noms des vins qui embellissent certains noms de mets sur les cartes de restaurants…
Je préfère cuisiner un bon coq au vin avec un Bourgogne Passe-tout-grain et le déguster, le savourer, avec un Gevrey-Chambertin dans un verre à la paraison digne de Saint Vincent (que l’on a fêté et honoré, avant-hier, mercredi 22 janvier).
Mais les escargots !!!
Je vous proposais de les préparer en meurette, la même sauce que celle des œufs de la recette éponyme.
Et là, vous me volez la vedette… Je ne sais qui va nous lire. Mais sûr, çà va donner des idées à certains (dire que j’écris cette phrase en regardant, en DVD, « Les Tontons Flingueurs »…)
Donc, disais-je, vous me volez la vedette. Car, les escargots, cuisinés en meurette, peuvent être fort assaisonnés de persil, d’ail et… que sais-je encore ?
Mais là, «Bon sang, mais c’est bien sûr» les escargots, au beurre à l’ail, mi / trois-quarts cuits dans leurs coquilles, puis « expulsés » et ajoutés «en fin de parcours» aux joues déjà longtemps mijotées, c’est LA solution pour associer des parfums improbables.
À défaut de disposer, comme vous, d’escargots surgelés préparés au beurre d’ail, il sera toujours possible d’en faire revenir quelques douzaines, au naturel, avec un bon beurre aillé, dans une poêle pendant, aussi, 5 à 10 minutes.
Je me moque, ce n’est pas gentil. Pardon.
Il me tarde (je ne pourrai pas ce week-end) de faire cette recette. Promis, je vous enverrai un « reportage ».
Encore une fois, j’ai été bavard… Incorrigible !
Jean-Michel 71
Merci Jean-Michel pour ce très long commentaire… et n’hésitez pas, j’adore !
Vous avez raison pour les escargots, et je ne me vexerai pas. J’ai fait ainsi parce que je m’y suis prise au dernier moment et que je n’ai pas trouvé les escargots que je voulais. Mais comme j’ai une productrice dans le département, la prochaine fois je lui en achèterai une réserve pour être tranquille.
J’aime les vins de votre région mais je les connais encore mal. Je note justement tous vos conseils pour des approvisionnements futurs.
Je n’ai pas goûté la version dont vous m’aviez parlée dans votre message en privé, mais je pense vraiment que cette préparation à l’ail est très goûteuse et amène un vrai peps intéressant au plat. En tout cas, ce plat est franchement délicieux, et je le referai en d’autres occasions.
Je vous souhaite un bon dimanche, et au plaisir d’autres échanges épicuriens.
Bonjour,
Juste une petite précision :
Lorsque je prépare les escargots à la poêle, comme ci-avant, je prends bien soin de les sécher dans du papier absorbant. Çà évite à ces bébêtes de « s’éclater » sur la crédence, de s’éparpiller sur la table de cuisson ou de sauter sur le plan de travail et alentours, voire sur le plastron du cuisinier…
Jean-Michel 71
Heureux de voir une recette d’escarboeuf dommage que le mot « charolais » ne lui soit pas associé puisque cette idée que j’ai lancée dans les années 86 alors technicien à la Cci de Mâcon CHAROLLES Tournus avait été faite pour promouvoir CHAROLLES « Capital de l’Escarboeuf. Pour info La marque est déposée. Je vois des « escarboeuf châlonnais » dans certains restaurants de Bourgogne ? Que fait CHAROLLES pour défendre l’origine de son produit?