Cette recette est un des grands classiques de la cuisine régionale, qui permet de marier le canard de Challans au muscadet nantais.
Quand la Vendée et la Loire-Atlantique mêlent leurs produits du terroir, cela donne de savoureux résultats, ou comment la cuisine réconcilie deux régions qui jouent à je t’aime moi non plus depuis très longtemps.
L’anecdote peut même prêter à sourire -:)
Les nantais ont souvent regardé les vendéens avec un peu de condescendance, les considérant parfois pour les « beaufs » de service. Et inversement, les vendéens mettaient en avant le côté pédant des habitants de Nantes, la grande ville ! Ces petites bisbilles sont bien sûr très drôles, voire même dérisoires, et il faut savoir les prendre avec le sourire, d’autant que je ne connais pas une région de France qui n’entretienne ainsi des petites querelles de voisinage avec ses départements limitrophes.
En réalité, ces frottements ont une explication historique. Il y a de nombreuses années – maintenant, bien sûr avec les nouvelles générations ça n’existe plus – il n’était pas rare d’entendre un nantais demander ironiquement à un ami vendéen : « alors, tu l’as caché où ton curé ? ».
La question a de quoi étonner ! Elle trouve son origine dans l’après-révolution française et les guerres de Vendée, c’est à dire la période de 1790 à 1796. Une bonne partie des Vendéens s’était soulevée contre les nouveaux représentants de l’état, les nantais étant quant à eux plutôt républicains dans leur grande majorité. Les vendéens étaient restés dévoués à leurs prêtres, ces derniers étant considérés réfractaires car ils ne voulaient pas jurer fidélité à la constitution civile du clergé de l’assemblée révolutionnaire de 1790. Il en a résulté une chasse au prêtre réfractaire, et certains fidèles n’ont pas hésité à les cacher…. d’où l’expression quelque 150 à 200 ans plus tard !
Ceci étant dit, si on causait cuisine maintenant ?
Je vais vous causer canard, muscadet, et navets…
vous mes petites cailles qui me suivez depuis si longtemps
que j’en deviens familière !Mais c’est ça les repas de famille, n’est-ce pas,
on cause, on refait le monde,
on se fâche parce qu’on aborde des sujets délicats,
et on se réconcilie avec un bon vin.Pour la recette, vous aurez fait découper le canard par votre boucher,
parce que le boucher il est sympa.
Christophe Couton
Boucherie « En Vie d’boucherie »
Les Halles de la Vie
Saint-Gilles-Croix-de-vie
Dans le panier (pour 4 personnes)
1 canette de Challans découpée en morceaux (conservez les abats et carcasses pour un fumet)
200 g de raisins secs
Une douzaine de petits navets nouveaux
1 bouteille de muscadet
5 cl de cognac
2 cuillères à soupe de farine
1 pincée de poudre d’épices Rabelais
1 bouquet garni
Beurre – huile de pépins de raisins
Sel – poivre
Préparation
1 – Deux heures avant la préparation, mettre à tremper les raisins secs dans un bol de muscadet.
2 – Dans une cocotte en fonte ou en cuivre, faire fondre le beurre avec un peu d’huile. Y mettre les morceaux de canard à revenir de tous côtés.
3 – Verser le cognac et flamber.
4 – Baisser le feu, fariner (singer) les morceaux de canard puis mouiller avec le reste de muscadet. Ajouter le bouquet garni, la poudre d’épices Rabelais, le sel et le poivre.
5 – Peler les petits navets nouveaux et les ajouter entiers ou coupés en deux dans la préparation, après 15 minutes de cuisson. Laisser mijoter sur feu doux pendant encore 30 minutes.
6 – Ajouter les raisins secs dans la cocotte avec le muscadet de trempage, 15 minutes avant la fin.
On sert directement dans le plat,
et comme vous avez dû déjà le constater,
j’adore sortir mes casseroles ou poêles en cuivre quand je reçois.
Amitiés gourmandes et bonne semaine à vous, chers lecteurs…
Ah ça me fait envie cette recette ! Comme je viens cette semaine en Vendée, je crois bien que je vais repartir avec un canard sous le bras…
Tu n'auras aucune peine pour en trouver, Marie-Claire, notamment sur les marchés. C'est du beau produit, et ça faisait bien longtemps que je n'en avais pas préparé, c'est ta recette l'autre jour de canard à l'orange qui m'en a donné l'envie.
Tu vas rire… c'est ce que je fais demain soir au lycée…