Mogettes de Vendée au foie gras
La mogette et le foie gras
Ginette, la petite mogette se languissait en ses vertes collines du bocage vendéen…
Oh ! pourtant, on ne peut pas dire qu’elle avait été maltraitée jusqu’à présent, loin de là.
Il y a quelques jours, de douces mains avaient ramassé au jardin ses cosses arrivées à maturation, puis ces mêmes mains avaient ouvert délicatement les cosses pour en retirer les petits lingots blancs si dodus.
Elle se savait jolie, pleine de finesse , la nature l’avait bien dotée mais elle n’en était pas arrogante pour autant. Maintenant elle reposait avec ses sœurs dans un joli panier en osier, sur le coin d’une étagère de la cave, et l’âpreté de l’humidité commençait à strier sa peau.
Et puis, un matin, des mains étaient à nouveau venues la sortir de sa langueur. A l’humidité, avait succédé une chaleur apaisante. Le panier était posé devant l’âtre d’une large cheminée, et les flammes l’enveloppaient d’une chaude lumière réconfortante. Au milieu de l’âtre, elle reconnut un gros chaudron.
Ah ! mais oui, c’est Léon le chaudron ronchon qui bougonne toujours même quand il en a plein la goule. Et là justement, les mains étaient en train de le remplir d’eau.
Eh hop ! A ras la goule ! Ah mais c’est qu’il se tait maintenant le Léon.
Ginette en était encore dans ses réflexions que les mains l’empoignaient avec délicatesse. Elle se sentait bien dans cette paume chaude et rugueuse à la fois, elle savait qu’on allait prendre soin d’elle. Et d’ailleurs, ça ne traîna pas : elle se sentit glisser dans une eau tiède et bienfaisante. Elle flottait, flottait et se laissait griser par les odeurs enivrantes de thym et de laurier.
Une petite gousse d’ail atterrit juste à côté d’elle. Elle la connaissait déjà pour l’avoir aperçue à la cave et lui souhaita la bienvenue. Les flammes enveloppaient Léon qui maintenant sifflait et chantonnait. Cela fit sourire Ginette. Quel coquin ce Léon, plus grognon que méchant finalement. Sans qu’elle s’en rende compte, petit à petit le sommeil la gagna… la gagna… la gagna…. Rrrrrrrh… pstttttttt… rrrrhhhhhh… psssstttt… pendant que l’eau glougloutait…. blop… blop… blop…
Une heure se passa ainsi, avant qu’elle ne sorte de sa léthargie. Elle voulut se frotter et découvrit avec ravissement que sa peau était devenue toute douce, laiteuse et gorgée de parfums exquis. Elle exultait au contact de ses petites sœurs elles aussi conquises.
Les mains apparurent au dessus du chaudron et versèrent un bouillon tiède qui vint tendrement les envelopper d’une saveur désarmante. Ginette était subjuguée. Puis un morceau de beurre qui lui parut démesuré plongea dans l’eau frémissante. Bah ! En un rien de temps, il n’en restait plus rien, juste des petites cloques jaunâtres au dessus de l’eau. Il avait fondu comme neige au soleil !
Et, avant qu’elle n’ait récupéré ses esprits, elle sentit une chaleur inhabituelle lui envahir la peau. Les mains venaient de laisser glisser dans l’eau quelques petits morceaux d’une finesse et d’une délicatesse exquises.
Mais qu’était-ce donc ? Elle commençait à rosir de plaisir, toute émue. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant, cré nom de nom !
Elle reconnut alors avec grand étonnement le sieur foie gras, Môôôsieur le foie gras, celui qu’elle, la rustique, la paysanne n’aurait jamais cru côtoyer un jour, lui qui la snobait depuis si longtemps.
Il n’y a pas de hasard dans la vie !
Ginette la mogette et Edouard le fois gras étaient faits pour se rencontrer, un point c’est tout.
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Ingrédients
Pour 500 g de mogettes
200 g de beurre demi-sel
100 g de fond blanc (fond de volaille, canard par exemple, et de préférence du fond maison, sinon en préparer avec du bouillon déshydraté)
100 g de bloc de foie gras mi-cuit
Une poignée de gros sel
Un bouquet garni 1 ou 2 gousses d’ail 1 oignon
Préparation
Cette recette de mogette au foie a été créée par Renald Epié, chef de cuisine au Citrus Etoile à Paris et maintenant chef de cuisine dans un palace à Dubaï ; Je l’ai réalisée avec lui lors d’un stage cuisine à la Bourrine du Bois Juquaud de Saint-Hilaire-de-Riez.
encore une recette gourmande !!!!
à n' en pas douter délicieuse
quand je fais un poulet au four , je mets la carcasse au congel
et quand j'en ai plusieurs je prépare ainsi mon fond de volailles
ANNY
Ah ah, Leon le chaudron – excellente histoire madame 🙂
Oui, j'adore vraiment ! Et l'histoire, et le résultat dans l'assiette ! ;o)
bises
Hélène
Je viens de retrouver votre blog
C'est bien appétissant cette recette ,je vais la mettre en pratique.
Bonne soirée
Anne-marie
Anny, tu as bien raison, rien ne vaut les fonds de cuisson maison. Bonne continuation dans ton joli coin de Bretagne 🙂
Gracianne, décidément ce Léon a fait de l'œil à beaucoup de lecteurs. Je suis contente que tu aies aimé ses aventures culinaires 🙂
Hélène : si l'histoire est rigolote, je t'assure que dans l'assiette, ça ne rigole pas, c'est du lourd 🙂
A la recherche d'une recette pour les mogettes, je découvre votre blog, quelle jolie façon de découvrir une recette, si votre cuisine est aussi bonne que votre histoire, je m'inviterais bien à votre table. MERCI pour cet agréable moment…
Un grand merci à vous, votre commentaire me fait un immense plaisir et me conforte dans mes écrits. J'aime cuisiner, j'aime partager… mais les deux vont automatiquement de pair.
Au plaisir d'une visite, vous serez toujours le ou la bienvenue.