Pique-nique à Trentemoult pour les Vendredis du vin
Je ne pouvais pas refuser l’invitation des Vendredis du vin du mois de mars, sous la présidence ce mois-ci de Anne Graindorge. Elle nous propose un pique-nique virtuel en bords de Loire : au programme, amener ses meilleures quilles de vins de Loire et les assortir à un mets local.Ok pour moi, ça fait bien longtemps que je n’ai pas pique-niqué et ces belles températures estivales ces dernièrs jours nous y incitent. Je prépare mes assiettes, mes petits gobelets, le plaid et j’arrive !
Et mes pas ne m’ont pas amenée très loin… Ma titine, après avoir sillonné les quelques kilomètres de mes terres vendéennes a pilé net sur la rive gauche de la Loire, juste avant Nantes, dans le charmant petit village de Trentemoult.
Trentemoult, pour ceux qui l’ignoreraient, c’est le lieu où s’est tourné le joli film de Jean-Loup Hubert, « la Reine blanche« . Le film avait su mettre en avant et recréer tout le charme de cet ancien village de pêcheurs, de marins et de capitaines au long cours, et aussi d’ouvriers des chantiers navals, chantiers aujourd’hui hélas disparus.
Trentemoult, par rapport à sa voisine Nantes dont on distingue les tours depuis les quais…
C’est déjà le Sud-Loire, et ça se ressent dans l’architecture des maisons, où l’on retrouve de temps en temps les petites briquettes rouges des maisons vendéennes.
Les tendances, les modes sont ce qu’elles sont ! Et malheureusement elles s’emparent comme des pieuvres des lieux, des objets… C’est le cas de Trentemoult qui est devenu un quartier très recherché ces dernières années. Les maisons de pêcheurs s’arrachent par des artistes un brin bobos qui expriment une créativité débordante. Désormais, ce sont les façades de maisons qui sont hautes en couleurs…
…créant un décor certes très charmant et bucolique, une bonbonnière mi-sucrée, mi-acidulée où l’on prend plaisir à flaner avec amusement au gré des venelles,
mais un décor finalement surfait et sans l’âme de ses habitants d’origine.
Seule la vieille boutique de boucherie, ceinte sur ses murs de faïences désuètes, témoigne encore de ce passé populaire, un passé proche où dans ce quartier bouillonnant les couleurs étaient portées haut par les pêcheurs ou les ouvriers des chantiers qui venaient prendre leur verre de muscadet au troquet du coin…
« Au confort moderne » : cette dernière façade a été refaite pour le film La Reine blanche dont elle a servi de décor.
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Bon, si j’arrêtais de parler, parce que vous êtes venus pour manger et boire, c’est bien ce qui était demandé dans le thème de ce dernier vendredi du vin, n’est-ce pas ? Venir avec sa bonne humeur, mais pas que… parce que ça ne nourrit pas son homme ! Amener aussi du miam miam et du glou glou.
Le plaid est étalé, tout le monde installé, les verres sont sortis ! Et hop ! on fait sauter le bouchon pour l’apéro avec un pétillant naturel rosé juste sorti de la glacière, le Rozetto de Philippe Delmée, vigneron à Champ-sur-Layon, dans l’Anjou, au sud d’Angers. Issu du Grolleau noir, ce vin n’a subi aucune adjonction de souffre. Il est brillant, pétillant, plein de gouaille, idéal pour démarrer ce pique-nique entre amis.
Et on poursuit avec deux Muscadet :
– Le muscadet des Coteaux de Loire, est produit au Domaine de la Paonnerie à Anetz, près d’Ancenis, quelque part entre l’Anjou et le pays Nantais. Ici, la famille Carroget-Gautier s’attache à produire des vins dans les conditions du bio. Issu du cépage Melon de Bourgogne, une belle découverte que ce Muscadet qui prouve que l’on peut encore en dégoter du bon, parce que comme le disent les propriétaires, « bon vin ne ment jamais ».
– un deuxième de chez Marc Pesnot du Domaine de la Sénéchalière à Saint-Julien-de-Concelles.
La Bohème, c’est un invitation au voyage grâce à un petit vin qui a tout d’un grand ; Issu lui aussi du cépage Melon de Bourgogne, s’il vous met met la tête à l’envers parce qu’il est fichtrement bon, il ne vous collera certainement pas des migraines comme certaines lavasses ayant dénaturé le nom du muscadet. La Bohème….. La Bohème….. et si on refaisait le monde au coin du zinc ?
Et si vous voulez poursuivre la découverte, toujours chez Marc Pesnot, goûtez donc à son Gros Plant, la Folle blanche. Le Gros plant est injustement snobé depuis pas mal d’années, il faut dire que sur le marché on trouve surtout des bibines grossières, dénuées d’intérêt. Celui de Marc Pesnot mérite vraiment qu’on s’y attarde, sans regrets. Et sincèrement, un verre de gros plant avec des huîtres, ça le fait grave.
Comme vous avez faim, je le vois bien, passons maintenant au miam miam. Impossible de ne pas vous offrir des civelles ! Ces petits alevins d’anguilles que l’on pêche dans l’estuaire de la Loire ou bien dans nos marais, sont incontournables à Trentemoult où ils étaient fêtés il y a encore pas si longtemps lors d’une fête annuelle de la civelle.
Parce que c’est un pique-nique, on ne se prend pas la tête et on les prépare juste en vinaigrette. C’est simple, c’est bon, une petite madeleine de Proust qui me rappelle mon enfance, parce que dans ces temps-là on en pêchait beaucoup des civelles.
Et puis on poursuit avec des petits pâtés feuilletés aux feuilles de bettes et aux cuisses de grenouilles. Du miam réjouissant, du miam pour un pique-nique de fête à partager gaillardement avec les copains.
La préparation n’est pas non plus une prise de tête : on fait revenir les jeunes feuilles de bettes, ramassées le matin même au jardin, dans une poêle avec un peu d’échalote ; on les laisse doucement confire à couvert, avec une pointe d’ail haché, sel et poivre. Pendant ce temps, on poêle les grenouilles avec un bon beurre salé, elles cuisent gentiment 5/10 minutes maxi, puis on déglace avec un vinaigre de Xérès. Voilà, y’a plus qu’à garnir les petits ronds de pâte feuilletée avec un peu de feuilles de bettes et les cuisses de grenouilles dépiotées !
Pour le dessert, je compte sur les petits copains ! ils auront bien prévu quelque chose, car c’est ça le pique-nique, on sort tout du coffre de la titine et on partage.
Tchin ! tchin ! Et à s’retater la boulette do g’noille comme on dit par chez nous !
Remerciements à mes cavistes éclairés :
Philippe Gallard du Chai Carlina à Saint-Jean-de-Monts, pour le Rozetto…
Thomas, du Picolo, bistrot à vins naturels-troquet gourmand à Nantes, pour les Muscadet.
Je goûterais volontiers les rares civelles en ta compagnie accompagnées d'un de ces jolis vins de Loire. Le premier aiguise ma curiosité, surtout…
J'aime beaucoup le vin mais pas assez connaisseuse 😉
merci pour ce petit reportage bien sympathique. Tu as certainement dû passer un excellent moment
bises à vous deux
jojo
Des piques niques comme cela, on en ferait tous les jours ;o)Je ne connais pas du tout ce vin…
J'adore aussi ces 2 façades…. Elles sont belles comme tout
Bonnes fêtes de Pâques
Ça, c’est du pique-nique de grande classe ! je n’ai jamais goûté aux civelles … Les vins de Loire, par contre, j’adore ! Et que j’aime aussi la devanture de la vieille boucherie! Bon, je retourne jeter un oeil à la recette de tes feuilletés, maintenant …
Bises
Hélène
Ah ! les civelles, difficile maintenant d’en consommer. Et comme toi les vins de Loire j’apprécie énormément. Il y en a tant à découvrir.